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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 19:08
kilomètres, étoile, liqueur, chaleur, poltron


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Croqué par Koa
 


La route filait, et ses mains tremblantes se crispaient sur le volant. L'aube n'allait pas tarder à poindre et les incertitudes aussi. Il était tôt et la chaleur déjà écrasante... De la sueur mêlée d'amertume perlait à son front, et ses yeux cernés par la fatigue peinaient à s'accoutumer à la fuite du bitume. Un oeil au rétroviseur lui rappelait le but de sa course. Sur les sièges arrières, une malle en fer gisait. Cela ne pouvait être aussi loin... Tant de kilomètres en proie aux roues de son véhicule... Cela ne pouvait être aussi loin... La raison n'était plus maîtresse de son esprit. Seule l'agitation de son ventre, l'engourdissement de ses chevilles pesaient sur sa conduite. Nerveuse, elle poussait du pied l'accélérateur et la vitesse dévorait la pénombre.

Et l'adrénaline s'en trouva décuplée lors du choc... Elise freina comme elle put, et évita à peine le tableau du sens dessus-dessous.

Même si elle n'avait pas quitté le décor, ensanglantée et remuée, elle trouvait peine à reprendre au réel de la situation. L'arbre que Elise avait percuté lui faisait face, grimaçant sous les lueurs de la nuit moribonde. Sa course était vaine, ses veines glacées par l'indifférence qui l'envahissait peu à peu. Elle ouvrit la portière, extirpa l'objet de sa culpabilité, et s'enfonça vers l'obscur.

L'herbe était haute, la terre humide, l'air fétide. Elise pressait le pas, se mit à courir, au rythme des cliquetis du fer de sa malette. Puis elle tomba, et le secret de ses noirs accomplissements se répandit sur le sol. Le rocher vêtu de mousse qui avait meurtri Elise serait sa couche. Son visage, dans un dernier sursaut rejoignit dans une ultime étreinte la chair de sa chair, extirpée de son linceul métallique.
Et la rage de notre Médée nourrit la terre, et le secret la constellation des étoiles défuntes...
L'aube avait repris ses droits.

Paul sortit du bar ce matin là. L'ivresse des liqueurs avait brassé sa lâcheté. Sur le trottoir, il vomissait son orgueuil. Sur le trottoir, poltron il vomissait sa fuite, suite à l'altercation. C'est alors que lui vint une lueur de lucidité. Il devait vite reprendre la route, avait un rendez vous à quinze bornes de ce patelin avec un fournisseur dans quelques heures. C'est alors qu'il comprit qu'il lui manquait quelque chose. Il remonta le pâté de maisons, s'introduit chez elle, et ne la trouvant pas il se mit à crier :
"La salope! Et comment je fais pour bosser moi aujourd'hui!"
Puis il se calma, se ressaisit, se dit qu'il pourra broder pour la perte de ses papiers, qu'il en rachètera une autre dans l'après midi, et quitta la demeure de sa maîtresse.

29/04/07
 
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commentaires

C
oh oh je suis la fleur de Médée
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